La crise économique en Thaïlande ?
L’amélioration des données du troisième trimestre et le ralentissement du tourisme n’ont pas compensé la hausse de l’endettement des ménages et de la crise, qui a atteint 84 % du PIB au deuxième trimestre.
Les experts craignent que le pire ne soit à venir pour la deuxième plus grande économie d’Asie du Sud-Est après que le gouvernement ait mis fin à un gel des dettes pour les particuliers et les petites entreprises en difficulté.
Les données officielles publiées lundi ont montré que l’économie thaïlandaise s’est contractée de 6,4 % en glissement annuel au troisième trimestre, une amélioration par rapport à la contraction de 12,1 % du trimestre précédent au plus fort de l’épidémie de Covid-19. Ces résultats meilleurs que prévus sont dûs à l’assouplissement des confinements partout dans le monde et le Conseil national de développement économique et social (NESDC) estime que le plan de relance du gouvernement, d’un montant de 1 900 milliards de baht (62,9 milliards de dollars US), a commencé à réalimenter l’économie.
Le NESDC a également revu à la hausse ses prévisions de croissance pour l’ensemble de l’année, les faisant passer à une contraction de 6 %, après avoir précédemment anticipé une baisse de près de 8 %. Une poignée de touristes étrangers sont revenus dans le royaume ces dernières semaines, alors que les frontières rouvrent lentement, et l’on espère qu’un vaccin pourra rétablir les voyages mondiaux au début de l’année prochaine.
Mais l’économie thaïlandaise reste en proie à de graves difficultés, car elle est confrontée à ce qui devrait être la pire sécheresse des 40 dernières années, avec un taux de chômage d’environ 1,9 % et une stratégie commerciale des États-Unis imprévisible, ce qui devrait aggraver l’impact de la Covid-19 et l’instabilité politique qui règne dans le royaume.
« Ces statistiques sur le PIB ne veulent pas vraiment dire grand chose pour l’économie réelle », a déclaré Virot Ali, professeur d’économie politique internationale à l’université Thammasat de Bangkok, « car elles ne représentent que ceux qui peuvent adhérer aux projets gouvernementaux et pas les pauvres. Si vous regardez la dette des ménages, la dette des cartes de crédit, les prêts personnels et tous les prêts non remboursés, ils ont atteint un niveau record. »
Les ménages Thaïlandais
La dette des ménages a atteint près de 84 % du PIB au deuxième trimestre, selon la Banque de Thaïlande. Dans cette conjoncture, les banques et les petits prêteurs sont toujours pressés de reprendre possession de leurs biens, tandis que leur crainte de ne pas pouvoir rembourser leurs emprunts a conduit au rejet de près de la moitié des demandes de prêts hypothécaires dans le contexte de la pandémie, selon la banque centrale.
Ce qui a laissé jusqu’à 30 milliards de dollars de propriétés invendues rien qu’à Bangkok, selon le Centre d’information sur l’immobilier de Thaïlande.
La situation est aggravée par la décision du mois dernier de la Banque de Thaïlande de mettre fin à son gel des dettes pour « la stabilité du système des institutions financières » après qu’un million de petites entreprises aient reporté leurs remboursements d’environ 44 milliards de dollars de prêts – ce qui, selon les experts, risque d’anéantir les nombreuses petites entreprises qui en bénéficiaient jusqu’à présent.
Les riches et les pauvres
La Thaïlande est également une économie à deux vitesses, le fossé entre les riches et les pauvres étant l’un des plus importants d’Asie. Selon les experts, la situation va encore s’aggraver, car les grands conglomérats – et les corporations commerciales qui les possèdent – s’emparent des actifs en détresse tandis que les petites entreprises sont décimées.
Source : SCMP, Vijitra Duangdee
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